À Aix-en-Provence, des arrêtés anti-regroupement pour "reprendre la rue" : ce que disent les habitants


Rédigé par Olivier Zoppardo le Lundi 28 Juillet 2025 à 21:47 - 1 Commentaires

Quartiers Encagnane, Jas de Bouffan, avenue des Belges et Luynes : la municipalité serre la vis contre les rassemblements jugés nuisibles. Sur place, entre soutien et résignation, les habitants réagissent.


Des mesures bien accueillies… mais pas partout

Il est un peu plus de 20 heures, ce lundi soir, sur les contre-allées de l’avenue des Belges, non loin de la gare routière d’Aix-en-Provence. Sur un banc, deux hommes discutent à voix haute, une canette à la main. Quelques mètres plus loin, une patrouille de police municipale s’approche. Depuis peu, ces regroupements sont visés par un arrêté municipal anti-regroupement, signé par la maire Sophie Joissains.
 
Ici, comme à Encagnane, au Jas de Bouffan et à Luynes, l’objectif est clair : limiter les rassemblements jugés nuisibles pour les riverains.
 

"Avant, ils restaient là jusqu’à une heure du matin, ça criait, ça buvait… On n’osait plus sortir le soir", confie Yvette, 76 ans, qui habite le quartier depuis plus de trente ans. "Depuis que les policiers passent plus souvent, c’est plus calme. On dort mieux."

 
Dans le quartier d’Encagnane, où les immeubles s’élèvent au-dessus d’un petit centre commercial, les avis sont partagés. Mehdi, 28 ans, y vit depuis toujours.
 

"On comprend qu’il faut du calme, surtout pour les anciens. Mais on est jeunes, on a envie de discuter dehors le soir, ce n’est pas un crime. S’ils viennent nous disperser alors qu’on ne fait rien de mal, ce n’est pas juste."

 
Dans ce quartier classé prioritaire, les problèmes de deals et de tensions sont bien connus.
 
Pour la mairie, l’arrêté est un outil de prévention, avant que les situations ne dégénèrent. C’est ce que martèle la maire elle-même, qui s’occupe personnellement du dossier sécurité depuis février dernier :
 

"On n’attend pas que les choses s’aggravent. Ces mesures permettent à nos forces de l’ordre d’intervenir quand il le faut, pour protéger les habitants." Précise Sophie Joissains.


À Luynes, entre lassitude et soulagement

Sur la place de la Libération, au cœur de Luynes, une mère de famille regarde ses enfants jouer au ballon, tout en surveillant du coin de l’œil un groupe d’adolescents attroupés près du city stade.
 
"On avait déjà eu ce genre d’arrêté il y a deux ans. Franchement, ça avait calmé les choses un temps. Mais dès que ça s’arrête, ça recommence", soupire-t-elle. "Ce qu’on veut, c’est que ça dure et que ce soit vraiment appliqué."
 
Ici, les habitants sont familiers des tensions en soirée, parfois autour des terrains de sport ou du parking.

La police : "On a enfin un levier légal"

Du côté de la police municipale, l’appréciation est positive. Un officier rencontré près du Jas de Bouffan nous confie, sous couvert d’anonymat :

"L’arrêté permet de contrôler l’identité des personnes rassemblées sans motif valable. Avant, on n’avait pas toujours la base légale pour intervenir rapidement. Maintenant, on peut agir plus efficacement."


Les épiceries de nuit également dans le viseur

Autre mesure en parallèle : les épiceries de nuit doivent désormais fermer à 22 heures, une décision qui ne passe pas inaperçue. Pour Reda, gérant d’une supérette avenue des Belges, c’est une sanction collective :
 
"Moi je fais attention, je demande aux clients de ne pas rester dehors, mais je paie pour les autres. Je perds beaucoup depuis qu’on ferme plus tôt."

En toile de fond, les municipales de 2026

Avec une élection municipale prévue en mars 2026, la sécurité s’impose déjà comme thème central de campagne.
 
Et Sophie Joissains le sait : "Ce n’est pas un couvre-feu, mais un cadre pour empêcher que les mauvaises habitudes s’installent. On agit pour la tranquillité de tous."

Les zones concernées par les arrêtés anti-regroupement

Encagnane : entre avenue de l’Europe, avenue du 8-Mai, rue Saint-Exupéry et boulevard du Maréchal Juin Jas de Bouffan : secteur autour de la maison de la justice et du droit Avenue des Belges : contre-allées, boulevard Paul-d’Ollone et boulevard Albert-Charrier Luynes : espace Ughetti, place de la Libération, allée Serge-Allard et parkings alentours


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