“Un naufrage silencieux”
“C’est un naufrage silencieux.” Le constat, partagé par l’ensemble des structures mobilisées, se veut sans détour. Les associations dénoncent un dialogue rompu avec le Conseil départemental, des décisions unilatérales, un manque de coopération et une réduction des moyens qui auraient fragilisé tout le système.
Dans les établissements, les témoignages font état de parcours discontinus, de jeunes “laissés sans solution”, d’un turn-over qui empêche toute stabilité et de professionnels épuisés, parfois blessés.
Dans les établissements, les témoignages font état de parcours discontinus, de jeunes “laissés sans solution”, d’un turn-over qui empêche toute stabilité et de professionnels épuisés, parfois blessés.
“Les dispositifs sont saturés et les enfants mal accompagnés”, résume une bénévole engagée depuis vingt ans.
Des situations indignes
Les acteurs évoquent des scènes du quotidien : une adolescente maintenue avec son agresseur, un éducateur roué de coups, un foyer où un seul adulte doit gérer dix jeunes.
“L’intérêt supérieur de l’enfant est écorché. On nous laisse sans solution”, regrette le directeur d’une association. “Aujourd’hui, la sécurité n’est plus garantie.”
Les conséquences sont lourdes : violences internes, fugues, risques de trafics, voire prostitution. “Parfois, c’est pire d’être placé que de rester à la maison”, lâche un professionnel.
Une dégradation depuis 2022
Pour le collectif, la situation s’est nettement aggravée depuis la publication, en 2022, d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) pointant les dysfonctionnements de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) dans le département.
“Avant, on n’était pas toujours d’accord, mais on était écoutés. Aujourd’hui, c’est fini.”
Le collectif réclame la réouverture du dialogue et un retour à une politique claire de protection de l’enfance. Leur courrier envoyé le 21 octobre à la présidente du Département, Martine Vassal, est resté sans réponse.
Le Département met en avant ses investissements
Contacté, le Conseil départemental renvoie à un communiqué. Il affirme mener “une politique publique fondée sur une juste adéquation entre besoins et moyens”, rappelant une hausse de 45 % du budget dédié en moins de dix ans : de 197,2 M€ en 2016 à près de 285 M€ en 2025.
Selon l’exécutif départemental, près de 11 000 enfants et familles sont aujourd’hui accompagnés grâce à une “offre d’accueil étendue et diversifiée”.
Selon l’exécutif départemental, près de 11 000 enfants et familles sont aujourd’hui accompagnés grâce à une “offre d’accueil étendue et diversifiée”.
Un fossé qui se creuse
Malgré ces chiffres, le fossé semble se creuser entre le Département et les associations du terrain. Ces dernières affirment être arrivées à un point de rupture, tant sur le plan humain que structurel.
Elles demandent désormais un changement de méthode, estimant que c’est l’avenir et la sécurité des enfants des Bouches-du-Rhône qui sont en jeu.
Elles demandent désormais un changement de méthode, estimant que c’est l’avenir et la sécurité des enfants des Bouches-du-Rhône qui sont en jeu.