Cabriès-Calas : Amapola Ventron, l’élue qui ne veut plus lâcher le volant


Rédigé par Ghislain Robert le Mardi 12 Aout 2025 à 15:20 - 0 Commentaires

5 ans qu’elle tient la barre. Et à entendre Amapola Ventron, maire de Cabriès-Calas depuis 2020, ce serait presque un sans-faute. « 90 % de mes projets sont réalisés », répète-t-elle comme un slogan de campagne avant l’heure.


La bétonneuse et le carnet de chèques

Amapola Ventron, Maire de Cabriès-Calas
Sauf qu’elle jure que ce n’est « pas encore le temps » des déclarations électorales. On connaît la chanson : quand un maire vous dit ça, c’est qu’il est déjà en train d’écrire son programme.
 
Il faut lui reconnaître un sens certain de l’action : école bioclimatique Auguste-Benoît, rénovation tous azimuts des infrastructures sportives, rues cyclables, atlas de biodiversité, jardins partagés…

Et derrière chaque inauguration, un même fil rouge : l’argent vient d’ailleurs. Métropole, Département, Région… Ventron sait où frapper pour décrocher les subventions.

Les mauvaises langues parlent de « cumul des mandats », elle, elle parle de « mutualisation » et de « défendre ses dossiers ».

Résultat : la commune a survécu à un trou de trésorerie abyssal hérité du mandat précédent.

L’art de gouverner du haut vers le bas

Mais Cabriès-Calas a aussi découvert le revers du style Ventron. Vertical, directif, parfois brutal.

L’épisode de la piste cyclable avortée à cause d’une pétition en dit long : pour elle, l’opposition à un projet est un caprice nuisible, pour ses adversaires, c’est la preuve qu’elle confond concertation et communication.
 
Sa phrase sur « l’irresponsabilité facile » des réseaux sociaux pourrait figurer dans un manuel de maire agacé par ses administrés.

Des projets XXL pour une commune qui reste modeste

Le futur hippodrome près de la gare TGV, la reconversion de l’ancienne prison en résidence d’artistes, un pôle multimodal à Plan-de-Campagne… On n’est plus dans l’urbanisme local mais dans la stratégie métropolitaine.

Ventron veut désenclaver son « village gaulois » et le faire entrer dans la carte des grands projets.

Sauf qu’à force de penser grand, on en oublie parfois que Cabriès-Calas, c’est 10 000 habitants, pas Marseille. Et que les subventions, ça se gagne… mais ça se perd aussi.

Écologie et logement : un verre à moitié plein

Sur le logement social, l’élue a mis le pied là où ses prédécesseurs n’osaient pas : PLAI, OFS, partenariats avec Emmaüs. Mais la commune reste carencée et paie des pénalités.

Sur l’écologie, elle brandit la ZFE à Marseille et son Plan climat comme preuves de son engagement. Mais la transformation de Plan-de-Campagne temple de la bagnole et du bitume reste un défi qui se mesure en décennies.

2026

Amapola Ventron se présentera, qu’elle l’avoue ou non, comme la candidate de la continuité, celle qui a « sorti Cabriès-Calas de l’autarcie » et qui refuse de rendre le volant.
 
Ses partisans saluent une maire bosseuse, connectée, qui a su imposer des projets structurants. Ses détracteurs la voient comme une dirigeante solitaire, obsédée par les grands chantiers et sourde aux contre-voix.

Au fond, la vraie question est là : Cabriès-Calas veut-elle cinq années de plus de bulldozer et de subventions, ou un changement de tempo politique ?

​Avis des experts politiques de la rédaction

Sur le bilan :
Les observateurs sont unanimes : Amapola Ventron a coché beaucoup de cases. Ses projets sont concrets, visibles, et donnent à la commune l’image d’un territoire qui avance. Mais, pour les politologues, ce genre de bilan « béton » est à double tranchant : il flatte l’électorat qui veut du tangible, mais peut lasser ceux qui attendent plus de concertation et moins de verticalité.

Sur la méthode :
« C’est du gaullisme municipal », glisse un expert local, mi-sérieux mi-taquin. Ventron tranche, impose et assume, ce qui séduit les électeurs en quête de fermeté, mais crispe ceux qui veulent être associés aux décisions. Dans une commune où les réseaux associatifs sont puissants, cette centralisation du pouvoir peut coûter cher politiquement.

Sur la stratégie pour 2026 :
Les analystes notent que Ventron avance masquée… mais pas trop. Elle nie être en campagne tout en multipliant les signaux : interviews, bilans chiffrés, valorisation des chantiers en cours. « C’est un classique : verrouiller le récit avant que l’opposition n’ait le temps de se structurer », décrypte un journaliste politique aixois.

Sur les points faibles :
Les experts pointent trois zones de vulnérabilité : La taille des projets : certains craignent une commune engagée dans des dossiers plus gros qu’elle, avec une dépendance aux financements extérieurs. Le logement social : malgré les efforts, la carence reste et les amendes aussi. L’image : efficace mais autoritaire, la maire risque d’être enfermée dans une caricature de « reine du béton » qui ne parle pas assez aux classes populaires et aux jeunes.
Projection électorale :
Selon les spécialistes, si l’opposition reste morcelée, Ventron a toutes les chances de se succéder à elle-même. Mais dans une petite commune, une campagne bien menée par un challenger crédible pourrait renverser la table à quelques centaines de voix près. « Cabriès-Calas est moins verrouillée qu’elle ne le croit », résume un vieux routier des municipales.
 


Dans la même rubrique :