Canal+ : « Plaine Orientale » : après Mafiosa, la Corse a trouvé sa nouvelle série coup de poing


Rédigé par Ines Payan le Jeudi 10 Juillet 2025 à 00:16 - 0 Commentaires

Douze ans après la fin de Mafiosa, la fiction française retourne en Corse, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle y revient avec les crocs. Plaine Orientale, nouvelle série dramatique diffusée sur Canal+, s’impose comme un digne successeur de la saga culte.


Un retour aux racines

Plus ancrée, plus rugueuse, mais tout aussi fascinante, elle confirme que l’île de Beauté reste un terreau fertile pour les récits de pouvoir, de sang et de silence.

Là où Mafiosa explorait les rouages du grand banditisme et les alliances troubles entre politique et crime organisé, Plaine Orientale joue la carte du réalisme rural et communautaire.

Ici, pas de parrains bling-bling ni de fusillades à la kalachnikov ou si peu. La série préfère la tension sourde, la menace silencieuse, les regards qui en disent long.

Mais que l’on ne s’y trompe pas : la violence est toujours là, tapie dans les champs d’agrumes, dans les souvenirs d’une guerre de clans jamais vraiment terminée, dans les choix impossibles d’une jeunesse partagée entre tradition et modernité.

Une fresque familiale et politique haletante

L’intrigue, habilement construite, démarre sur un événement tragique la mort mystérieuse d’un ancien militant devenu notable local et tisse peu à peu un réseau d’histoires entremêlées : rivalités foncières, secrets d’État, fiertés blessées, loyautés ambivalentes.

Le tout sur fond de résurgence indépendantiste, d’économie en mutation et de pressions extérieures.

C’est dense, mais jamais confus. Le rythme est maîtrisé, l’écriture tendue, et chaque épisode apporte son lot de révélations, sans jamais tomber dans l’excès.

Des personnages forts, incarnés avec justesse

Comme Mafiosa, Plaine Orientale brille par la richesse de sa galerie de personnages. Il y a les anciens, figures de l’honneur et de la mémoire. Il y a les jeunes, tiraillés entre la terre et le continent, entre fidélité et liberté. Et surtout, il y a les femmes - puissantes, complexes, déterminées -, qui ne se contentent plus d’être spectatrices. 

La performance de Raphaël Acloque et Lina El Arabi est à saluer : à la fois fragile et redoutable, ils portent la série sur leurs épaules avec une intensité rare. Le reste du casting suit avec sobriété et force, renforcé par la présence d’acteurs corses habitués à cette univers : Éric Fraticelli, Cédric Appietto, Michel Ferracci ou encore Jean-Philippe Ricci.

Une identité visuelle marquante

Visuellement, Plaine Orientale est une claque. La lumière, naturelle et tranchante, sublime les paysages sans les esthétiser à outrance. La mise en scène, sobre mais précise, capte à merveille l’atmosphère singulière de cette plaine à la fois ouverte et oppressante, entre modernité agricole et fantômes du passé.

La bande-son, mêlant musiques corses, nappes électroniques et silences lourds de sens, renforce cette sensation d’enracinement et de tension sourde.

En résumé :

Si vous avez aimé Mafiosa, vous trouverez dans Plaine Orientale la même densité dramatique, la même tension feutrée, mais avec une approche plus contemporaine, plus organique, moins stylisée et tout aussi captivante. Une série mature, ambitieuse, profondément liée à son territoire, qui prouve que la fiction française peut encore surprendre quand elle prend le risque d’être locale pour être universelle.



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