Photo DR/Puyloubier-Sainte-Victoire
Trop souvent résumée à des clichés carte postale figée ou décor de misère sociale, elle mérite un regard neuf. C’est toute l’ambition du travail de Salomé Berlioux de France Culture, dans sa série documentaire Entendre la France rurale. Et c’est une ambition qui résonne particulièrement ici, dans le Pays d’Aix.
Car derrière l’image familière de la Provence lumineuse, de ses villages perchés et de ses alignements de platanes, le Pays d’Aix concentre lui aussi les contradictions de la ruralité contemporaine. Une ruralité où l’on circule d’un hameau à l’autre par ces départementales qui serpentent entre Cézanne et les saisons, mais où l’éloignement, la rareté des services publics et la pression immobilière rappellent chaque jour que le “paradis provençal” se vit à hauteur d’homme, avec ses obstacles et ses luttes.
Dans ce territoire qui va de Jouques à Rognes, de Saint-Cannat à Meyrargues, de Jouques à Trets on retrouve les mêmes voix que partout ailleurs dans nos campagnes : la directrice d’Ehpad qui tente de recruter dans un bassin d’emploi déserté, le facteur qui sillonne des dizaines de kilomètres pour maintenir un lien humain que plus aucun guichet ne garantit, les anciens gilets jaunes pour qui le rond-point a été, un temps, le seul lieu où l’on pouvait encore être entendu, les enseignants et inspecteurs qui se battent pour que l’école reste un repère malgré la dispersion géographique, les bénévoles de clubs sportifs qui, à défaut de grands équipements, créent du lien avec trois ballons et beaucoup de volonté. Une ruralité qui passe sous le rouleau compresseur de la métropole Aix-Marseille, qui concentre tous les moyens pour les grandes villes comme Marseille, Aix-en-Provence, Arles, ... Et les maires qui tentent de maintenir un semblant de contrôle.
La série de Salomé Berlioux le rappelle : la ruralité n’est ni un décor bucolique ni une blessure sociale permanente. Elle constitue un ensemble humain étendu regroupant 36 communes, totalisant une population de 393 981 habitants, qui a été souvent simplifié à l'excès et sous-estimé.
Ici, dans le Pays d’Aix comme ailleurs, elle mêle nouveaux habitants venus chercher un “ailleurs” plus respirable, familles installées depuis des générations, travailleurs modestes repoussés hors des villes par le coût du logement, producteurs locaux étranglés entre injonctions écologiques et contraintes économiques.
Ce territoire, comme tant d’autres, illustre ce que la série appelle “la ruralité exhausteur d’inégalités”. Car l’éloignement n’est jamais neutre : une maternité à 40 minutes, une gare à 30, des médecins qui partent sans être remplacés, des commerces qui ferment les uns après les autres. Et pourtant, quelle vitalité démocratique ! Contrairement à un cliché tenace, la politique ne s’arrête pas aux portes des villages : Ici, les réunions de conseils municipaux animent la cité, et les débats y sont souvent plus concrets, plus clivants, plus francs. Mais la sensation de n’être entendus ni de la métropole ni des gouvernements demeure profonde.
Alors oui, pour entendre la France rurale, il faut accepter de sortir de la voie rapide et de rouler sur les départementales. Il faut écouter les habitants avant de commenter leur vie. Il faut comprendre que la ruralité n’est ni un fantasme ni un refuge romantique, mais un espace de complexités, d’inégalités et d’inventivité.
Le Pays d’Aix, avec ses beautés et ses fragilités, en est un miroir parfait.
Entendre la France rural
Car derrière l’image familière de la Provence lumineuse, de ses villages perchés et de ses alignements de platanes, le Pays d’Aix concentre lui aussi les contradictions de la ruralité contemporaine. Une ruralité où l’on circule d’un hameau à l’autre par ces départementales qui serpentent entre Cézanne et les saisons, mais où l’éloignement, la rareté des services publics et la pression immobilière rappellent chaque jour que le “paradis provençal” se vit à hauteur d’homme, avec ses obstacles et ses luttes.
Dans ce territoire qui va de Jouques à Rognes, de Saint-Cannat à Meyrargues, de Jouques à Trets on retrouve les mêmes voix que partout ailleurs dans nos campagnes : la directrice d’Ehpad qui tente de recruter dans un bassin d’emploi déserté, le facteur qui sillonne des dizaines de kilomètres pour maintenir un lien humain que plus aucun guichet ne garantit, les anciens gilets jaunes pour qui le rond-point a été, un temps, le seul lieu où l’on pouvait encore être entendu, les enseignants et inspecteurs qui se battent pour que l’école reste un repère malgré la dispersion géographique, les bénévoles de clubs sportifs qui, à défaut de grands équipements, créent du lien avec trois ballons et beaucoup de volonté. Une ruralité qui passe sous le rouleau compresseur de la métropole Aix-Marseille, qui concentre tous les moyens pour les grandes villes comme Marseille, Aix-en-Provence, Arles, ... Et les maires qui tentent de maintenir un semblant de contrôle.
La série de Salomé Berlioux le rappelle : la ruralité n’est ni un décor bucolique ni une blessure sociale permanente. Elle constitue un ensemble humain étendu regroupant 36 communes, totalisant une population de 393 981 habitants, qui a été souvent simplifié à l'excès et sous-estimé.
Ici, dans le Pays d’Aix comme ailleurs, elle mêle nouveaux habitants venus chercher un “ailleurs” plus respirable, familles installées depuis des générations, travailleurs modestes repoussés hors des villes par le coût du logement, producteurs locaux étranglés entre injonctions écologiques et contraintes économiques.
Ce territoire, comme tant d’autres, illustre ce que la série appelle “la ruralité exhausteur d’inégalités”. Car l’éloignement n’est jamais neutre : une maternité à 40 minutes, une gare à 30, des médecins qui partent sans être remplacés, des commerces qui ferment les uns après les autres. Et pourtant, quelle vitalité démocratique ! Contrairement à un cliché tenace, la politique ne s’arrête pas aux portes des villages : Ici, les réunions de conseils municipaux animent la cité, et les débats y sont souvent plus concrets, plus clivants, plus francs. Mais la sensation de n’être entendus ni de la métropole ni des gouvernements demeure profonde.
Alors oui, pour entendre la France rurale, il faut accepter de sortir de la voie rapide et de rouler sur les départementales. Il faut écouter les habitants avant de commenter leur vie. Il faut comprendre que la ruralité n’est ni un fantasme ni un refuge romantique, mais un espace de complexités, d’inégalités et d’inventivité.
Le Pays d’Aix, avec ses beautés et ses fragilités, en est un miroir parfait.
Entendre la France rural