Enfants à la rue : l’indignité comme ligne politique


Rédigé par Olivier Zoppardo le Lundi 28 Juillet 2025 à 22:00 - 8 Commentaires

À Marseille, ou sur le département des Bouches du Rhône, des enfants dorment dehors. Certains ont fui la guerre, d’autres ont fui la misère. D’autres encore sont nés ici, dans l’indifférence, puis tombés entre les failles d’un système saturé. Tous ont un point commun : ils sont mineurs, vulnérables, et abandonnés.


Face à cela, Martine Vassal, présidente du Département, ne trouve rien de mieux à dire que : « Les mineurs non accompagnés, je n’en veux plus. »

Phrase lourde de conséquences, indigne d’un responsable politique. Phrase qui, au lieu de susciter une mobilisation, semble valider un tournant politique assumé : celui de l’exclusion, du rejet, du calcul électoral sur le dos des plus fragiles.

Car oui, ne nous y trompons pas : ce glissement ne sort pas de nulle part. Il s’inscrit dans un mouvement plus large, où une partie de la droite locale et de la majorité présidentielle dérive sans complexe vers les postures de l’extrême droite. L’objectif ? Freiner la fuite des électeurs vers le Rassemblement national. Le prix ? Le droit des enfants.

Les MNA ces jeunes exilés, mineurs, seuls ne sont pas une "option", comme le rappellent les associations dans une lettre ouverte. Ils sont sujets de droits, protégés par la Convention internationale des droits de l’enfant. Leur accueil, leur protection, leur hébergement ne relèvent pas de la générosité, mais de l’obligation légale.

En déclarant publiquement qu’elle ne veut plus d’eux, Martine Vassal piétine la loi. Pire : elle normalise l’idée que l’on pourrait choisir quels enfants ont droit à la protection, et quels autres peuvent dormir sur le trottoir.

Des dizaines d’enfants dehors, tous les soirs

Pendant ce temps, à quelques centaines de mètres du palais départemental, des dizaines de jeunes dorment sur des cartons au kiosque des Réformés. Certains ont 14 ans, d’autres à peine plus. Ils survivent, exposés aux trafics, à la violence, au froid, à la honte.

L’Aide sociale à l’enfance est débordée ? Oui. Les structures d’accueil sont saturées ? Évidemment. Mais ce constat ne peut en aucun cas justifier le renoncement. Il devrait au contraire appeler à l’investissement, à la mobilisation, à la décence. Et non à la résignation cynique.

L’urgence d’un sursaut

Que des enfants soient abandonnés dans la rue en 2025, en France, à Marseille, dans notre département, est une honte collective.

Que des responsables politiques s’en lavent les mains par stratégie électorale est une faute morale et démocratique.

Que l’opinion publique reste silencieuse face à cela serait une complicité passive.

Face à l’indignité, il ne reste qu’un choix : se taire ou se lever. Les associations, les citoyens engagés, les éducateurs et quelques journalistes le font, chaque jour. Il est temps que les institutions, elles aussi, se souviennent de ce que signifie protéger un enfant.

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