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Décharges sauvages : un ex-patron du BTP rattrapé par la justice à Aix


Rédigé par Olivier Zoppardo le Jeudi 17 Juillet 2025 à 10:49 - 0 Commentaires

Trois ans de sursis. C’est la peine prononcée, lundi 8 juillet, par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence à l’encontre de Dylan C, ancien chef d’entreprise dans le BTP. Âgé d’une trentaine d’années, il était poursuivi pour avoir réalisé plusieurs travaux sans permis, et pour avoir enfoui illégalement des tonnes de déchets sur des terrains non autorisés, dans trois communes du département : Cabriès, Ensuès-la-Redonne et Pélissanne.


Une gestion hasardeuse et des chantiers hors-la-loi

Le jeune homme, à la tête de l’entreprise Azur TP spécialisée dans le terrassement, a été reconnu coupable de l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés.

Il a toutefois échappé à la prison ferme, contrairement aux réquisitions de la procureure.
"On cherche des zones où mettre ses déchets pour ne pas payer les circuits classiques. C’est ça, la vérité de ce dossier", a-t-elle dénoncé à l’audience, évoquant un "fléau" environnemental.

Les faits s’étalent sur cinq années et témoignent d’une gestion pour le moins négligente. À Cabriès, dès 2018, Dylan C. entreprend des travaux sur un golf.

Il y déverse des gravats et de la terre sur une parcelle voisine… qui ne lui appartient pas.
"Je pensais que ça faisait partie du golf", tente-t-il d’expliquer à la barre. Une version contestée par la partie civile, photos à l’appui. "Je connaissais les règles, mais j’ai fait ce qu’on m’a dit de faire", admettra-t-il.

À Ensuès-la-Redonne, rebelote : sur un terrain déjà pollué, il enterre à nouveau des déchets de chantier. Il affirme avoir agi sur demande de son donneur d’ordre.
Mais la présidente du tribunal lui rappelle l’évidence : "Quand quelque chose vous semble illégal, vous ne le faites pas."

Enfin, à Pélissanne, c’est un véritable cratère de 30 mètres par 15, et de 4 mètres de profondeur, qui est creusé… en pleine zone inondable. L’objectif : y enfouir d’autres déchets.
"On refuse des permis tous les jours à Pélissanne pour cette raison", martèle l’un des avocats de l’accusation.

Un lourd impact sur l’environnement

Au fil de l’instruction, le tribunal n’a eu de cesse de rappeler les conséquences écologiques de ces pratiques.

"Ce type de décharge à ciel ouvert entraîne la disparition de la végétation, et un dérèglement de la faune locale", a souligné la présidente.


À Cabriès, les déchets abandonnés obstruent aujourd’hui encore les écoulements d’eau de pluie.

Interdit désormais d’exercer dans le secteur du terrassement, Dylan C. a assuré vouloir tourner la page : "Je ne veux plus travailler dans ce domaine." L’entreprise Azur TP, qu’il avait héritée de son père après des études entamées aux États-Unis, n’est plus en activité.

Un fléau qui touche l’ensemble des communes rurales

Les décharges sauvages ne sont pas l’apanage des grandes zones industrielles. Dans les campagnes aussi, ce phénomène prolifère, au grand désarroi des élus locaux.

À Mimet, les services municipaux doivent régulièrement intervenir pour nettoyer des chemins forestiers jonchés de gravats et d’encombrants. En 2024, le maire Georges Cristiani avait même annoncé vouloir installer des caméras-pièges pour identifier les pollueurs.

À Trets, la municipalité est particulièrement mobilisée. Régulièrement ciblée par des dépôts sauvages, notamment dans les quartiers périphériques comme les Seignières ou les abords de la route de Saint-Zacharie, la commune a pris les devants. En 2023, le maire Pascal Chauvin a recruté deux gardes champêtres depuis le 1er Juillet 2025, afin de renforcer la surveillance des zones sensibles et verbaliser les contrevenants. Des opérations de nettoyage citoyen sont aussi organisées chaque année.

Même situation à Fuveau, où les accès aux sentiers de randonnée sont parfois obstrués par des dépôts illégaux de pneus, meubles et matériaux de chantier. La maire Béatrice Bonfillon Chiavassa plaide pour un renforcement des sanctions.

À Rougiers, commune rurale du Var limitrophe des Bouches-du-Rhône, plusieurs agriculteurs ont signalé des dépôts sur leurs parcelles. Une plainte collective a été déposée en 2023 pour atteinte à l’environnement.

Face à ce fléau, de nombreux maires montent au créneau, demandant davantage de moyens pour la surveillance, l’enlèvement et la verbalisation. Mais tant que certains entrepreneurs peu scrupuleux continueront à court-circuiter les filières légales de traitement des déchets, la bataille reste inégale.

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