“On y va, même quand on ne devrait pas. Parce que c’est ça, être pompier.”
Le feu trace une ligne rouge sur la colline. Les pins crépitent, le vent se lève. À quelques mètres des flammes, des silhouettes casquées se fraient un passage.
C’est une scène presque banale, dans les Bouches-du-Rhône. Un feu de forêt de plus, une intervention parmi des centaines. Mais pour les sapeurs-pompiers du département, chaque sortie est une promesse de courage.
Ils sont près de 4 000 dans le SDIS 13, professionnels et volontaires confondus. Tous engagés par une même vocation : protéger la vie, quels que soient les risques.
Professionnels : le feu comme quotidien
« Il y a des jours où tout s’enchaîne : un accident sur l’A54, un feu d’appartement, un appel pour un bébé en détresse. Et malgré la fatigue, on reste concentrés. Parce qu’en face, il y a toujours quelqu’un qui compte sur nous. »
Leur métier ne s’arrête pas à l’été. De jour comme de nuit, les professionnels assurent une veille constante, prêts à intervenir en quelques minutes, qu’il s’agisse d’un incendie, d’un accident de la route ou d’un secours à domicile.
“Ce n’est pas un métier qu’on choisit pour les horaires. C’est une vie qu’on choisit, avec ses exigences, ses absences, mais aussi ses instants de grâce”, confie, l’une des rares femmes officiers du SDIS 13.
Volontaires : l’autre visage de l’engagement
« On ne réfléchit pas. On enfile la tenue et on y va. Parce qu’un appel peut tout changer pour quelqu’un. »
Les 2 400 volontaires du département sont le maillon discret mais essentiel de la chaîne. Issus de tous les milieux, ils partagent ce même sens du devoir. Certains ont un pied dans la vie civile, un autre dans les flammes.
“C’est un engagement qu’on fait sans attendre de retour. On ne devient pas pompier volontaire pour la reconnaissance. On le devient parce qu’on veut être utile, simplement”, raconte Stéphanie, 38 ans, volontaire à Pertuis.
Marseille, protégée par la mer… et par ses marins-pompiers
À Marseille, les interventions d’urgence ne sont pas confiées au SDIS 13 comme dans le reste du département, mais à une unité militaire unique en France : le Bataillon de Marins-Pompiers de Marseille (BMPM).
Créé en 1939 par décret du président Albert Lebrun, à la suite d’un gigantesque incendie sur le Vieux-Port, le BMPM est placé sous l’autorité du ministre des Armées et du maire de Marseille. Il compte aujourd’hui environ 2 400 militaires, tous issus de la Marine nationale, formés au secours urbain, maritime, chimique, médical… et parfois au combat.
“Nous sommes militaires de carrière, mais notre théâtre d’opération, c’est la ville de Marseille”, explique un marin pompiers
Leurs missions couvrent l’ensemble du territoire marseillais, soit près de 900 000 habitants, mais aussi les ports, l’aéroport, les calanques, les installations industrielles classées Seveso, et les grandes infrastructures sportives comme le stade Vélodrome.
En 2024, le BMPM a réalisé plus de 130 000 interventions, avec une forte dominante de secours à la personne, mais aussi de nombreuses missions spécifiques : interventions en milieu aquatique, plongée, détection NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique), ou encore sécurité des grands événements.
La rigueur militaire structure leur quotidien : discipline, hiérarchie, entraînement permanent. Pourtant, l’humain reste au cœur de leur engagement.
“Marseille est une ville vive, imprévisible, chaleureuse. Il faut à la fois de la rapidité, de la fermeté… et beaucoup d’humanité”, confie un caporal-chef en poste à la caserne de St Pierre.
Le BMPM incarne cette singularité marseillaise, entre mer et feu, tradition militaire et service public. Un corps d’élite, qui partage avec tous les sapeurs-pompiers une même vocation : sauver des vies.
Des liens plus forts que le feu
Cette solidarité ne s’exprime pas en grandes déclarations. Elle se vit sur le terrain, dans le bruit des sirènes, la chaleur d’un feu de forêt, le silence après un sauvetage. Elle se transmet, aussi, entre générations.
“Un ancien m’a dit un jour : ici, on ne brille pas, on veille. C’est resté”, confie une jeune recrue de 24 ans.
Un territoire, une vigilance de tous les instants
Qu’il s’agisse d’un feu de broussailles dans le Luberon, d’un accident sur l’A7 ou d’un malaise à Trets, les hommes et femmes du SDIS 13 répondent présents. Toujours.
“Notre rôle n’est pas spectaculaire. Il est constant, discret, mais vital”, rappelle un officier supérieur basé à Aix-en-Provence. “Être pompier, ce n’est pas courir vers les flammes. C’est être là. À chaque appel.”
Repères – Pompiers dans les Bouches-du-Rhône (2024)
- Effectifs SDIS 13 : 3 970 (1 630 professionnels, 2 340 volontaires)
- Interventions annuelles : 139 842
- Secours à la personne : 80 % des interventions
- Nombre de casernes : 64
- Surface du département : 5 087 km²
- Forêts exposées au feu : 156 000 hectares
- Budget SDIS : 209 millions €
- Temps d’intervention moyen : 12 minutes
Conclusion : Le feu sacré
Et leur fierté, dans ces petites victoires silencieuses que personne ne verra jamais : un enfant réanimé, une maison sauvée, un feu arrêté à temps.
C’est là que se loge leur bravoure. Dans le geste. Dans la constance. Dans le choix de servir, chaque jour, sans bruit.