Un candidat de compromis, pas de rupture
Un choix révélateur de leurs ambitions, mais aussi de leurs limites. À 74 ans, Jean-Louis Geiger n’incarne pas le renouveau générationnel vanté par Jordan Bardella ou les lieutenants d’Éric Ciotti.
Ancien centriste passé par l’UDF et l’UMP, élu municipal dans les années 90, puis rallié au RN en 2021, son profil tranche avec celui d’un "candidat anti-système".
Pourtant, c’est bien ce vétéran qui a été préféré à Gérault Verny, député UDR, plus jeune et médiatique. Preuve que la logique d’union l’a emporté sur celle de la conquête électorale pure.
En désignant Geiger, le RN fait le choix de la notabilité locale, misant sur son ancrage, son carnet d’adresses et sa stature dans les cercles économiques aixois.
Mais ce pari soulève une question : dans une ville historiquement modérée, à forte population étudiante et CSP+, ce profil suffira-t-il à élargir la base électorale de l’extrême droite, encore marginale à Aix (5,5 % en 2020) ?
Ancien centriste passé par l’UDF et l’UMP, élu municipal dans les années 90, puis rallié au RN en 2021, son profil tranche avec celui d’un "candidat anti-système".
Pourtant, c’est bien ce vétéran qui a été préféré à Gérault Verny, député UDR, plus jeune et médiatique. Preuve que la logique d’union l’a emporté sur celle de la conquête électorale pure.
En désignant Geiger, le RN fait le choix de la notabilité locale, misant sur son ancrage, son carnet d’adresses et sa stature dans les cercles économiques aixois.
Mais ce pari soulève une question : dans une ville historiquement modérée, à forte population étudiante et CSP+, ce profil suffira-t-il à élargir la base électorale de l’extrême droite, encore marginale à Aix (5,5 % en 2020) ?
Une alliance RN–Ciotti qui acte une recomposition à droite
L’union RN–UDR est en soi un événement politique. Elle officialise sur le terrain aixois la stratégie nationale d’Éric Ciotti, qui a fracturé Les Républicains en prônant une alliance assumée avec le RN.
À Aix, cette entente se matérialise dans une liste commune dès le premier tour, évitant les divisions internes qui ont longtemps handicapé l’extrême droite.
Mais cette fusion reste fragile. Le cas Gérault Verny en est l’illustration : candidat déclaré en embuscade, il a été mis sur la touche au profit de Geiger.
Officiellement, la "répartition des rôles" est assumée. En réalité, la gestion de cette cohabitation sera un test : Gérault Verny intégrera-t-il la liste ? Sera-t-il loyal ou menaçant pour la cohésion de campagne ? Ces tensions internes pourraient ressurgir à mesure que les municipales approchent.
À Aix, cette entente se matérialise dans une liste commune dès le premier tour, évitant les divisions internes qui ont longtemps handicapé l’extrême droite.
Mais cette fusion reste fragile. Le cas Gérault Verny en est l’illustration : candidat déclaré en embuscade, il a été mis sur la touche au profit de Geiger.
Officiellement, la "répartition des rôles" est assumée. En réalité, la gestion de cette cohabitation sera un test : Gérault Verny intégrera-t-il la liste ? Sera-t-il loyal ou menaçant pour la cohésion de campagne ? Ces tensions internes pourraient ressurgir à mesure que les municipales approchent.
Une critique frontale de la gestion Joissains, mais sans alternative claire
Jean-Louis Geiger concentre ses attaques sur la gestion de Sophie Joissains, accusée de mollesse, d’improvisation ou d’inaction.
Sécurité, transports, urbanisme, géothermie : les angles d’attaque sont nombreux. Mais à ce stade, le programme du candidat reste peu détaillé. L’annonce d’un doublement des caméras de surveillance ou d’un audit de la police municipale s’inscrit dans une rhétorique sécuritaire classique, sans innovation notable.
Plus que sur un projet de transformation, la campagne semble reposer sur un rejet : rejet de la maire sortante, rejet de la gauche, rejet de la "droite macroniste".
Une posture d’opposition frontale qui peut séduire une partie de l’électorat mécontent, mais qui pourrait aussi se heurter à la demande de stabilité dans un bastion modéré, historiquement attaché au gaullisme local et au centre droit.
Sécurité, transports, urbanisme, géothermie : les angles d’attaque sont nombreux. Mais à ce stade, le programme du candidat reste peu détaillé. L’annonce d’un doublement des caméras de surveillance ou d’un audit de la police municipale s’inscrit dans une rhétorique sécuritaire classique, sans innovation notable.
Plus que sur un projet de transformation, la campagne semble reposer sur un rejet : rejet de la maire sortante, rejet de la gauche, rejet de la "droite macroniste".
Une posture d’opposition frontale qui peut séduire une partie de l’électorat mécontent, mais qui pourrait aussi se heurter à la demande de stabilité dans un bastion modéré, historiquement attaché au gaullisme local et au centre droit.
Un objectif affiché : faire émerger une nouvelle génération
Curieusement, Geiger ne cache pas que son rôle est transitoire. "Je ne vais pas faire carrière", dit-il, promettant d’aider les jeunes à s’engager". Franck Allisio parle même de "former des petits Bardella". Le message est clair : Geiger se pose en mentor, pas en leader durable. Une manière de rassurer sur son âge, mais aussi d’assumer une campagne comme tremplin pour structurer une base militante à Aix.
Cette stratégie à long terme vise à implanter le RN localement, malgré des scores historiquement faibles. Le véritable enjeu ne serait donc pas forcément la victoire en 2026, mais la construction d’un socle électoral pour les années suivantes.
Cette stratégie à long terme vise à implanter le RN localement, malgré des scores historiquement faibles. Le véritable enjeu ne serait donc pas forcément la victoire en 2026, mais la construction d’un socle électoral pour les années suivantes.
Une candidature plus tactique que triomphale
En investissant Jean-Louis Geiger, le RN et l’UDR scellent une alliance politique lourde de symboles, mais dont la portée électorale reste à démontrer.
Le choix d’un profil expérimenté mais âgé, l’absence de programme structuré et la faiblesse du socle RN à Aix posent question.
Pourtant, cette candidature pourrait jouer un rôle-clé dans la recomposition de la droite locale. En 2026, Geiger pourrait ne pas gagner… mais il pourrait installer, pour la première fois, une structure durable d’extrême droite à Aix-en-Provence.
Le choix d’un profil expérimenté mais âgé, l’absence de programme structuré et la faiblesse du socle RN à Aix posent question.
Pourtant, cette candidature pourrait jouer un rôle-clé dans la recomposition de la droite locale. En 2026, Geiger pourrait ne pas gagner… mais il pourrait installer, pour la première fois, une structure durable d’extrême droite à Aix-en-Provence.
Gérault Verny, recalé mais pas effacé : quelle stratégie pour le député de la 14e ?
Longtemps présenté comme l’homme fort de l’Union des droites pour la République (UDR) dans les Bouches-du-Rhône, Gérault Verny se retrouve écarté de la course à Aix, après plusieurs mois d’ambiguïté. Député depuis 2024 de la 14e circonscription avec le soutien du RN il avait laissé entendre au printemps qu’il pourrait incarner la candidature de la droite radicale dans la cité du Roi René.
Finalement, c’est Jean-Louis Geiger qui a été désigné. Une mise à l’écart qui interroge sur les ambitions territoriales de Verny et sa capacité à rebondir.
Un profil plus offensif, mais jugé moins consensuel
Gérault Verny incarne une droite plus offensive, plus jeune, plus militante. Il représente une nouvelle génération d’élus issus du rapprochement entre le RN et l’ancienne frange droitière des Républicains, et bénéficie d’une assise parlementaire récente. Mais c’est aussi un profil plus clivant. Là où Geiger incarne la notabilité, Verny incarne le combat politique.
Ce positionnement, s’il plaît à une partie de l’électorat conservateur décomplexé, semble avoir inquiété certains cadres du RN soucieux de présenter à Aix un visage rassurant. En cela, le choix de Geiger peut apparaître comme une stratégie de lissage, destinée à ne pas effaroucher un électorat aixois traditionnellement peu enclin aux candidatures trop radicales.
Vers un repli stratégique ou une implantation ailleurs ?
Officiellement, les états-majors du RN et de l’UDR tentent de faire bonne figure. Julien Sanchez évoque une simple "répartition des rôles", promettant à Verny un soutien en cas de législatives anticipées. Jean-Louis Geiger assure que la porte reste ouverte pour une participation du député à sa liste.
Mais le flou entretenu par Verny lui-même laisse entendre une forme de recul, voire d’amertume. "Il doit revenir vers moi", glisse Geiger, comme s’il n’avait pas encore décidé s’il jouerait collectif… ou pas.
Dans ce contexte, plusieurs hypothèses émergent :
Finalement, c’est Jean-Louis Geiger qui a été désigné. Une mise à l’écart qui interroge sur les ambitions territoriales de Verny et sa capacité à rebondir.
Un profil plus offensif, mais jugé moins consensuel
Gérault Verny incarne une droite plus offensive, plus jeune, plus militante. Il représente une nouvelle génération d’élus issus du rapprochement entre le RN et l’ancienne frange droitière des Républicains, et bénéficie d’une assise parlementaire récente. Mais c’est aussi un profil plus clivant. Là où Geiger incarne la notabilité, Verny incarne le combat politique.
Ce positionnement, s’il plaît à une partie de l’électorat conservateur décomplexé, semble avoir inquiété certains cadres du RN soucieux de présenter à Aix un visage rassurant. En cela, le choix de Geiger peut apparaître comme une stratégie de lissage, destinée à ne pas effaroucher un électorat aixois traditionnellement peu enclin aux candidatures trop radicales.
Vers un repli stratégique ou une implantation ailleurs ?
Officiellement, les états-majors du RN et de l’UDR tentent de faire bonne figure. Julien Sanchez évoque une simple "répartition des rôles", promettant à Verny un soutien en cas de législatives anticipées. Jean-Louis Geiger assure que la porte reste ouverte pour une participation du député à sa liste.
Mais le flou entretenu par Verny lui-même laisse entendre une forme de recul, voire d’amertume. "Il doit revenir vers moi", glisse Geiger, comme s’il n’avait pas encore décidé s’il jouerait collectif… ou pas.
Dans ce contexte, plusieurs hypothèses émergent :
- Un repli tactique sur son mandat de député, avec l’espoir d’une dissolution qui le remettrait au centre du jeu national. Ce scénario permettrait à Verny de rester en embuscade sans s’user localement.
- Un parachutage dans une autre ville du Pays d’Aix ou de l’étang de Berre, où le RN dispose de scores plus élevés et d’un électorat moins rétif. Vitrolles, Gardanne ou Marignane, par exemple, pourraient constituer des terrains plus favorables à un profil comme le sien.
- Un soutien de façade à Geiger, tout en préparant à moyen terme une relève générationnelle, si la tentative aixoise échoue ou débouche sur un mandat de transition.
Un risque d’implosion ou de double-jeu ?
Si Verny décide de rester en retrait ou de se positionner en alternative interne, la campagne de Geiger pourrait vite se transformer en front fragile, miné par les tensions entre anciens et modernes, stratèges nationaux et ambitions locales. Le RN a déjà connu, ailleurs, des campagnes minées par des rivalités entre figures concurrentes : l’unité affichée ne garantit pas la discipline sur le terrain.
En somme, Gérault Verny n’a pas dit son dernier mot. Son avenir immédiat semble suspendu à sa décision : accepter de jouer collectif derrière Geiger, au risque de s’effacer ; ou s’émanciper, au risque de fracturer une alliance encore instable. Dans les deux cas, la gestion de son positionnement sera un test de maturité pour l’union RN–UDR dans le département.