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En finir avec les squats : victoire du droit ou défaite sociale ?


Rédigé par Olivier Zoppardo le Mercredi 11 Juin 2025 à 19:27 - 0 Commentaires

C’est un tournant. Une révolution juridique pour les uns, un naufrage social pour les autres. Avec l’entrée en vigueur, en juin 2025, de la nouvelle loi anti-squat, la France acte un changement de cap brutal : désormais, occuper illégalement un logement pourra mener à une expulsion en 72 heures, même en hiver, même en cas de détresse.


Une réponse brutale à une réalité complexe

Sur le papier, la mesure semble frappée au coin du bon sens. Pendant trop longtemps, des propriétaires, parfois modestes, ont vu leur logement occupé sans pouvoir agir. La colère, souvent justifiée, a alimenté le sentiment d’un État impuissant, voire complice de l’injustice.
 
Le gouvernement répond donc à une exaspération réelle. Il rétablit un droit fondamental : celui de jouir paisiblement de son bien.
 
Mais à force de vouloir faire vite, ne risque-t-on pas de faire mal ?
 
Car derrière le mot "squat", il y a souvent des situations humaines terribles. Des familles à la rue, des jeunes en rupture, des personnes âgées isolées, rejetées par un système social à bout de souffle. Chasser ces gens en trois jours sans solution de relogement concrète, c’est parfois déplacer le problème, pas le résoudre.
 
C’est transformer une crise du logement en crise humanitaire à bas bruit.
 
L’interdiction d’accès à l’eau, à l’électricité ou au gaz, censée dissuader l’occupation, interroge : jusqu’où ira-t-on pour défendre la propriété ? Au nom du droit, doit-on nier toute humanité ?

Un équilibre introuvable ?

Les défenseurs du texte diront que la loi prévoit des fonds d’urgence, des partenariats avec des structures d’accueil. Mais dans un pays où l’hébergement d’urgence est saturé et où les bailleurs sociaux n’ont plus les moyens de répondre à la demande, ces promesses risquent de rester théoriques.
 
Il ne s’agit pas de cautionner l’occupation illégale. Il s’agit de regarder la réalité en face : une part croissante de la population vit dans la précarité, et cette loi, en l’état, risque de frapper les plus vulnérables sans discernement.

Droit de propriété ou droit à la dignité ?

En tranchant aussi nettement, le gouvernement choisit son camp. Il assume un durcissement qui rassure une France propriétaire, souvent silencieuse mais déterminante dans les urnes. Le signal est clair : priorité au droit de propriété.
 
Mais une société ne se juge pas seulement à sa capacité à protéger les biens. Elle se juge aussi à la façon dont elle traite ceux qui n’ont rien. Et à cet égard, la victoire annoncée contre les squats ressemble peut-être moins à un sursaut d’autorité… qu’à une défaite de la solidarité.

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