Gardanne : entre héritage communiste, basculement à droite et enjeux écologiques majeurs

Ce changement résulte d’une élection marquée par une division de la gauche au second tour, permettant à la droite de l’emporter à 35,74%.

Hervé Granier, 52 ans, cadre de la fonction publique, incarne la nouvelle ère de la droit (LR) à Gardanne. Son équipe, issue de la liste « Donnons un nouveau souffle à Gardanne et Biver », rassemble divers profils.

Néanmoins, dans une commune encore ancrée à gauche, les débats au conseil restent souvent houleux, oscillant entre propositions progressistes et critique de la nouvelle majorité.

Le décès de Roger Meï, figure emblématique de la gauche, crée un vide symbolique. Âgé de 90 ans, maire de 1977 à 2020, il a incarné une forme atypique de municipalisme, inclusive, populaire et parfois controversée, notamment dans la gestion de la grève des agents municipaux en 2020 

Au niveau national, la dixième circonscription, comprenant Gardanne, s’est illustrée lors des législatives de 2024. José Gonzalez (RN) y a remporté le siège face à Véronique Bourcet‑Giner (Modem-Ensemble).

À Gardanne même, le Rassemblement national a obtenu 51,85 % des voix au second tour (4 676 votes), contre 48,15 % pour le centre. Ce résultat marque une poussée significative du RN dans une commune qui fut longtemps un bastion communiste.

Parallèlement aux évolutions politiques, l'avenir de la centrale thermique de Provence, convertie à la biomasse, cristallise les tensions. Exploitée par GazelEnergie (groupe tchèque EPH), cette centrale est en proie à un double enjeu : maintenir les emplois et enrayer les critiques environnementales.

Une récente réunion publique, organisée le 22 mai, a illustré ce dilemme : préservation des forêts contre sauvegarde des emplois, la consultation, ouverte jusqu’au 6 juin, reflète l’ambivalence de l’opinion publique. Cette usine, jadis au charbon puis convertie à la biomasse, automatise l'emploi tout en suscitant l’inquiétude sur l'impact forestier local.

Si le Rassemblement national n’a pas encore conquis la mairie de Gardanne, sa percée aux dernières législatives confirme qu’il reste en embuscade.

Avec un score de plus de 51 % au second tour dans la ville, le RN s’installe durablement dans le paysage politique local, captant à la fois l’électorat populaire déçu par la gauche traditionnelle et une partie des classes moyennes inquiètes des mutations économiques et environnementales en cours. Hervé Granier, bien qu'élu sous l’étiquette Les Républicains, marche sur une ligne de crête : s’il échoue à apaiser les tensions sociales et à donner des résultats concrets sur l’emploi et la sécurité, il risque de laisser la voie libre à une poussée frontiste lors des municipales de 2026.

D’ailleurs, le Rassemblement national ne cache plus ses ambitions : Bruno Priouet, figure locale du mouvement, a déjà annoncé sa candidature pour les prochaines élections municipales. Habitué des campagnes électorales et de plus en plus actif sur le terrain gardannais, il espère capitaliser sur la dynamique nationale du RN et sur les failles de la majorité actuelle.

En attendant, le parti soigne son implantation, développe son maillage militant et se positionne comme une alternative « propre » face à des oppositions jugées inefficaces ou divisées. À Gardanne, la bataille des urnes a déjà commencé, en coulisses.

Gardanne entre dans une nouvelle phase politique : la droite et l’extrême droite y gagnent du terrain, tandis que la gauche, affaiblie, doit se réinventer.

Le dossier de la centrale thermique incarne ce tournant : entre transition industrielle, enjeux écologiques et tensions sociales, la municipalité Granier est confrontée à un véritable défi d’équilibre.

Le futur de Gardanne se jouera dans les mois à venir, à l'intersection du progrès, de la mémoire ouvrière, et de l’urgence environnementale.