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Meyrargues, une liste citoyenne veut redonner le pouvoir aux habitants


Rédigé par Ghislain Robert le Lundi 13 Octobre 2025 à 13:01 - 0 Commentaires

Dans ce village du pays d’Aix, une trentaine de citoyens s’organisent pour bousculer la politique locale, entre utopie démocratique et pragmatisme social.


De la livraison de paniers à la conquête de la mairie

Photo FaceBook/DR
Photo FaceBook/DR
À Meyrargues, 4 000 habitants, on parle moins de partis que de partage du pouvoir. Dans ce village tranquille des Bouches-du-Rhône, une trentaine d’habitants a décidé de préparer une liste citoyenne et solidaire pour les municipales de 2026.

Sans étiquette, mais assumant « des valeurs de gauche », le collectif veut réinventer la démocratie locale et secouer un bourg qu’il juge « endormi ».

Tout a commencé au sein de Kabaducoin, une association de circuits courts. En partageant légumes et idées, certains se sont dit que le changement pouvait aussi passer par les urnes.
 
« On était une vingtaine au départ, à définir nos valeurs, nos axes de travail pour Meyrargues, et une charte de gouvernance partagée », raconte Florence Guillemant, l’une des initiatrices.

Pas de chef, pas de programme préfabriqué : la méthode se veut horizontale.

Le projet a pris de l’ampleur. Trente-six habitants y participent désormais, de tous horizons : enseignants, soignants, artisans, retraités. Tous pointent la même lassitude : un village sans vie publique.
« Il n’y a pas de politique jeunesse, peu de culture, les commerces ferment les uns après les autres », déplore Antoine Haurillon.

Le distributeur de billets a disparu, le bureau de poste vacille, et le budget du CCAS plafonne à 16 000 euros. Des détails ? Non, disent-ils : les symptômes d’un lien social qui s’effiloche.
« Quand il n’y a plus d’endroits pour se croiser, on se connaît moins. Et quand on ne se connaît plus, on ne fait plus village », résume Cathel Kornig, membre du collectif.

Une tête de liste sans candidat

La liste citoyenne veut pousser la logique participative jusqu’au bout. En décembre ou janvier, les 36 membres désigneront leur tête de liste... sans candidature.

« Pour que tout le monde ait sa chance et que ceux qui s’autocensurent puissent émerger », explique Florence Guillemant.

Une méthode inspirée par la coopérative nationale Fréquence commune, qui accompagne ces expériences participatives nées un peu partout en France. Soixante-six communes en sont déjà dotées, de Kingersheim à Velaux.

À Meyrargues, l’idée séduit. Le collectif a lancé une enquête citoyenne auprès de tous les habitants, entreprises et associations pour bâtir un diagnostic partagé. Neuf groupes thématiques planchent sur l’éducation, le budget, la culture ou encore l’intergénérationnel.

Bref, une petite fabrique de démocratie à l’échelle locale.

La majorité sortante sur la défensive

Reste à savoir si la greffe prendra. Le maire sortant Fabrice Poussardin, sans étiquette mais « de centre droit », élu dès le premier tour en 2020 (56,37 %), n’a pas encore dévoilé ses intentions. Son principal opposant, Gilbert Bougi (droite), non plus.

Face à eux, la liste citoyenne pourrait incarner un désir de renouvellement démocratique dans un paysage local verrouillé depuis des années.

Mais pour espérer peser, elle devra convaincre au-delà du cercle militant : prouver que la démocratie horizontale ne se réduit pas à des réunions en cercle de parole, mais peut aussi gérer un budget, un urbanisme, des écoles.

Analyse politique : quand la gauche se réinvente

Meyrargues n’est pas un cas isolé. Dans les petites communes rurales ou périurbaines, la gauche se reconstruit discrètement, sous couvert de “citoyenneté”.

Faute de partis crédibles, les habitants reprennent la main, à coups de chartes éthiques, d’assemblées participatives et de votes sans candidat. Une réponse à la crise de la représentation, mais aussi une façon d’échapper aux querelles partisanes qui dégoûtent tant d’électeurs.
 
Ces listes, souvent issues du monde associatif ou écologiste, mêlent les codes du militantisme altermondialiste et les outils de gestion locale.

Elles prônent la sobriété, la solidarité et la relocalisation de l’économie bref, le logiciel d’une gauche post-partisane, qui s’assume sans drapeau.
 
Leur défi est ailleurs : transformer la bonne volonté démocratique en efficacité municipale, sans se noyer dans la concertation permanente.

À Meyrargues, les habitants veulent “redonner le pouvoir aux citoyens”. Il leur reste à démontrer qu’ils sauront aussi le prendre.

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