Municipales 2026 à Gardanne : Hervé Granier, le pari de la continuité ferme

C’est d’ailleurs cette ombre tutélaire que Hervé Granier tente toujours d’éclaircir, cinq ans après avoir mis fin à l’ère Meï.

C’est dans l’intimité de son domicile, plus que dans la solennité d’un local de campagne, que Hervé Granier a choisi de s’adresser à la presse. Un décor modeste pour un message clair : son premier mandat fut celui du « sale travail ».

L’ancien policier, revendiquant une méthode directe et rigoureuse, affirme avoir « remis l’administration en ordre de marche », notamment en supprimant les primes illégales qui pesaient sur le budget municipal.
 
Cette posture d’homme d’ordre, à la fois gestionnaire et décomplexé, vise à consolider une image de maire “responsable” face aux accusations d’autoritarisme formulées par l’opposition.

Hervé Granier ne cache pas son refus d’une « politique d’assistanat ». En insistant sur la responsabilité individuelle « j’aide une fois, pas deux » il cherche à incarner une droite sociale mais ferme, en rupture avec les politiques municipales jugées trop permissives par une partie de l’électorat gardannais.

Ce discours, récurrent chez les maires de droite de communes populaires, traduit une volonté de reconquête sociologique : changer le profil de Gardanne, historiquement marqué par son passé ouvrier et communiste, vers une ville plus mixte, plus “équilibrée”, selon ses termes.

Le maire sortant met en avant son action sécuritaire doublement des effectifs de la police municipale, multiplication des caméras comme un marqueur fort de sa gestion.

Sur le front du logement, il salue l’héritage de Meï tout en affirmant sa volonté de rompre avec la logique des « barres verticales » pour promouvoir la mixité sociale et l’accession à la propriété.

Enfin, en matière économique, Granier mise sur la réindustrialisation du site de la centrale thermique, un sujet hautement symbolique pour Gardanne. S’il soutient le projet des anciens travailleurs, il reste aligné sur une vision pro-développement, y compris avec la biomasse, malgré les critiques environnementales.

Politiquement, Hervé Granier revendique son indépendance : “Je ne me rallierai à personne.”

Derrière cette déclaration, un double message : d’une part, marquer sa distance avec une droite nationale jugée trop clivante, notamment le RN représenté localement par Bruno Priouret, d’autre part, dénoncer les “alliances de circonstances” d’une gauche locale éclatée, incarnée par Jean-Marc La Piana et Claude Jorda.

Cette posture de l’homme seul contre tous pourrait bien constituer le cœur de sa stratégie : se poser comme l’unique rempart de stabilité face aux “tambouilles” politiques.

À l’heure où nombre d’élus de droite cherchent à se recentrer, Hervé Granier joue la carte du localisme pragmatique. Sans étiquette, mais “Républicain dans l’âme”, il capitalise sur son image d’élu proche du terrain, au franc-parler assumé, et sur un bilan qu’il juge solide : “80 % de mon programme réalisé ou en cours”.

Reste à voir si cette stratégie de continuité, dans une ville en mutation économique et démographique, suffira à convaincre un électorat encore traversé par la nostalgie du modèle Meï et par les tensions sociales héritées de la désindustrialisation.