Une illusion d’indépendance
Pourtant, derrière cette image de neutralité affichée, se cachent souvent des élus solidement ancrés dans des réseaux partisans.
Depuis une quinzaine d’années, la tendance s’est renforcée : nombre de maires et de présidents d’intercommunalité préfèrent effacer toute référence à un parti. L’argument est simple et séduisant : « je ne fais pas de politique, je m’occupe de ma commune ». Mais la réalité est tout autre.
Les investitures “officieuses” circulent sous la table, les soutiens logistiques ou financiers proviennent souvent de formations politiques bien identifiées. L’étiquette disparaît du bulletin, pas des réseaux d’influence.
Depuis une quinzaine d’années, la tendance s’est renforcée : nombre de maires et de présidents d’intercommunalité préfèrent effacer toute référence à un parti. L’argument est simple et séduisant : « je ne fais pas de politique, je m’occupe de ma commune ». Mais la réalité est tout autre.
Les investitures “officieuses” circulent sous la table, les soutiens logistiques ou financiers proviennent souvent de formations politiques bien identifiées. L’étiquette disparaît du bulletin, pas des réseaux d’influence.
Une stratégie de communication avant tout
Être “sans étiquette” permet de ratisser large, de capter les électeurs lassés des querelles de partis. C’est aussi un moyen d’éviter d’assumer les clivages idéologiques : on parle de “bon sens”, de “projets de territoire”, de “proximité”, autant de formules neutres qui masquent mal les choix politiques bien réels.
Les politiques d’urbanisme, de subvention, ou même de communication municipale révèlent souvent un alignement très net sur une sensibilité : conservatrice, sociale-démocrate, écologiste… Les décisions, elles, ne mentent pas.
Les politiques d’urbanisme, de subvention, ou même de communication municipale révèlent souvent un alignement très net sur une sensibilité : conservatrice, sociale-démocrate, écologiste… Les décisions, elles, ne mentent pas.
Un écran utile pour les appareils politiques
Les partis, de leur côté, ne sont pas dupes. Ils encouragent parfois ce camouflage : mieux vaut un élu discret, qui vote “comme il faut” au conseil communautaire, qu’un militant affiché qui effraierait une partie de l’électorat.
Le “sans étiquette” devient alors une façade pratique, un cheval de Troie qui permet à la politique de parti de continuer à irriguer la vie locale… sans en assumer le coût symbolique.
Le “sans étiquette” devient alors une façade pratique, un cheval de Troie qui permet à la politique de parti de continuer à irriguer la vie locale… sans en assumer le coût symbolique.
Une exigence de clarté démocratique
La démocratie locale mérite mieux que cette ambiguïté. Revendiquer une appartenance politique n’est pas une honte : c’est une manière d’assumer une vision, une cohérence, une responsabilité. En se cachant derrière l’illusion du “ni droite ni gauche”, beaucoup d’élus entretiennent la confusion et affaiblissent la lisibilité démocratique.
Car au fond, le “sans étiquette” n’existe presque jamais. C’est une posture parfois sincère, souvent stratégique qui traduit surtout une peur : celle d’être identifié, contesté, ou simplement comptable de ses choix. Et dans une démocratie mature, c’est précisément ce que l’on devrait exiger d’un élu : qu’il assume la politique qu’il fait.
Car au fond, le “sans étiquette” n’existe presque jamais. C’est une posture parfois sincère, souvent stratégique qui traduit surtout une peur : celle d’être identifié, contesté, ou simplement comptable de ses choix. Et dans une démocratie mature, c’est précisément ce que l’on devrait exiger d’un élu : qu’il assume la politique qu’il fait.