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Fermeture des déchèteries aux professionnels : bonne idée ou erreur stratégique ?

La Métropole Aix-Marseille confrontée à une recrudescence des dépôts sauvages


Rédigé par Grégoire Sévrin le Lundi 4 Août 2025 à 16:58 - 0 Commentaires

Depuis le 1er juillet 2025, les déchèteries métropolitaines d’Aix-Marseille-Provence sont interdites aux professionnels. Une décision qui, bien qu’annoncée en février, suscite aujourd’hui de vives réactions.


Une mesure controversée

Chem. de la Grande Bastide - Peynier
Chem. de la Grande Bastide - Peynier
Si la métropole affirme vouloir fluidifier le service aux particuliers, sur le terrain, les élus locaux et les habitants constatent une hausse inquiétante des dépôts sauvages.

Votée par le conseil métropolitain le 27 février dernier, la réforme vise à réserver les déchèteries aux seuls particuliers, avec des quotas stricts de dépôts (jusqu’à 36 visites par an et des plafonds journaliers par type de déchet).

Les professionnels, eux, sont redirigés vers des filières spécialisées ou des déchèteries privées payantes.
 
« Il fallait harmoniser le service et recentrer l’action publique sur sa mission : les déchets ménagers », défend un responsable métropolitain.

Pour la collectivité, cette décision s’inscrit dans une logique de clarification des compétences et de gestion plus efficace des flux en déchèterie.
 
Conséquence directe : la rue devient une décharge

Mais sur le terrain, le constat est plus nuancé. Dans plusieurs communes du territoire, des tas de gravats, matelas, déchets verts ou encombrants jonchent les abords des zones industrielles, des chemins ruraux, voire des bords de route.
« Depuis début juillet, on constate une multiplication des dépôts sauvages », alerte un élu de la commune de Rousset. « Les artisans n’ont pas tous les moyens de payer une benne privée ou de faire 40 kilomètres pour trouver une déchèterie professionnelle », ajoute-t-il.

Les habitants, eux aussi, s’inquiètent : « On nous parle d’écologie, mais on voit des déchets apparaître là où il n’y en avait jamais avant », témoigne Céline, riveraine à Fuveau.

Des alternatives... encore peu connues

Pourtant, des solutions existent. La métropole renvoie les professionnels vers des plateformes spécifiques :
  • Le réseau OCA Bâtiment pour les déchets du BTP
  • Des garages pour les pneus usagés
  • Des opérateurs privés comme Mat’ild ou des éco-organismes pour les déchets dangereux ou recyclables

Problème : ces dispositifs sont encore méconnus ou jugés trop coûteux. Les petites entreprises, notamment les artisans du bâtiment, déplorent un manque d’accompagnement.

Entre écologie et pragmatisme

La volonté de responsabiliser les professionnels est saluée par certains acteurs du secteur du recyclage. Mais pour qu’elle fonctionne, encadrement et pédagogie doivent suivre. Faute de quoi, la propreté urbaine pourrait bien devenir la première victime de cette réforme.

La Métropole promet de faire un bilan d’étape à l’automne et appelle à la vigilance citoyenne : signalement des dépôts illégaux, incitation au tri, partenariats avec les communes. En attendant, les maires demandent des moyens supplémentaires pour nettoyer et sanctionner.

« Trop, c’est trop » : élus et habitants ne tolèrent plus ce scandale écologique

Dans de nombreuses communes du Pays d’Aix, la colère gronde. Élus locaux et habitants dénoncent une situation devenue intolérable : les chemins ruraux, zones artisanales et abords de quartiers résidentiels sont jonchés de déchets, conséquence directe selon euxd’une décision technocratique prise sans concertation.
 

« On ne peut pas gérer un territoire comme un tableau Excel ! », s’exclame un maire de l’arrière-pays aixois. Pour lui, la Métropole Aix-Marseille agit en bureau comptable, oubliant que ses choix ont des conséquences concrètes sur le terrain : décharges sauvages, sentiment d’abandon, atteintes à l’environnement.

 

Les habitants, eux aussi, ne décolèrent pas. « On nous parle de transition écologique, mais on laisse polluer nos collines et nos villages pour faire des économies de gestion ? », dénonce une habitante de Venelles.


Dans leur viseur également : certains professionnels peu scrupuleux, qui, faute de solution simple ou gratuite, préfèrent se débarrasser de leurs déchets à la sauvette, en pleine nature, au mépris des lois et du bien commun.

Entre une métropole jugée sourde, et des comportements inciviques, la coupe est pleine.
 
Les élus réclament désormais des mesures correctives d’urgence, un fonds d’aide au traitement des déchets professionnels, et surtout, le retour du bon sens écologique au cœur de l’action publique.

Une question ouverte

Cette fermeture marque-t-elle une avancée dans la gestion des déchets ou un recul sur le terrain de l’environnement ? Entre bonne intention politique et réalité logistique, les mois à venir diront si la métropole a fait le bon choix.

Que dit la loi ?

Selon le Code de l’environnement, chaque producteur ou détenteur de déchets est responsable de leur gestion jusqu’à leur élimination ou valorisation finale (article L541‑2). Cela s’applique aux professionnels comme aux particuliers.
 
En pratique :
  • Les déchets d’activités professionnelles (gravats, bois, cartons, plastiques, huiles, pneus…) ne relèvent pas du service public de gestion des déchets.
  • Les collectivités territoriales, comme la Métropole Aix-Marseille-Provence, n’ont aucune obligation légale d’accepter les déchets des professionnels.
  • Ces derniers doivent organiser leur propre collecte, soit en contractant avec des prestataires privés, soit en déposant leurs déchets dans des centres de traitement agréés.
 
En cas d’abandon de déchets dans la nature, la loi prévoit :
  • Jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende en cas de dépôt illégal en quantité ou de récidive (article L541‑46).
  • Pour les particuliers comme pour les pros, le dépôt sauvage est interdit, même s’il s’agit de "petites quantités".

Dépôts sauvages : quelles amendes dans la métropole ?

Officiellement, l’abandon de déchets est passible de 135 € d’amende forfaitaire, pouvant grimper à 1 500 € en cas de dépôt avec un véhicule (article R.632-1 et R.635-8 du Code pénal).

Mais en réalité, les sanctions effectives sont rares, faute de contrôles ou de moyens pour identifier les auteurs :
  • En 2024, moins de 3 % des dépôts sauvages ont donné lieu à verbalisation dans les Bouches-du-Rhône, selon les chiffres de plusieurs communes.
  • Des communes comme Rousset, Fuveau ou Mimet tentent d’intensifier la lutte avec la vidéosurveillance, les drones ou les brigades vertes.
  • La Métropole a lancé une plateforme de signalement citoyen, mais les délais de traitement restent variables selon les territoires.

Les élus demandent aujourd’hui un renforcement des moyens humains pour les polices municipales, mais aussi une simplification juridique pour pouvoir sanctionner plus rapidement.

Professionnels : quelles alternatives aux déchèteries ?

Depuis la fermeture des déchèteries métropolitaines aux professionnels, plusieurs solutions sont disponibles :

Pour les artisans du bâtiment :
OCA-Bâtiment.org propose des points de collecte gratuits pour les gravats, bois, plâtre, métaux, etc.
• Les matériaux triés sont ensuite valorisés ou recyclés.
Pour les déchets spéciaux (huiles, solvants, batteries, peintures…) :
• Les éco-organismes comme Écomaison, Corepile, PV Cycle, ou EcoDDS offrent des dispositifs de collecte gratuits ou cofinancés.
Pour les gros volumes ou déchets mélangés :
• Des centres privés comme Mat’ild, Veolia, Paprec, Suez ou Derichebourg accueillent les professionnels contre facturation.
Pour les pneus usagés :
• Dépôt possible chez les garagistes partenaires du réseau Aliapur, sans obligation d’achat.

📍 Bon à savoir : certaines plateformes (comme mat-ild.fr) permettent aux artisans de trouver rapidement un point de dépôt proche et adapté à leur type de déchets.

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