Tholonet : Serge Mori, le psychologue qui veut défier le maire sortant
Ancien marin, devenu psychologue clinicien, Serge Mori n’est pas un professionnel de la politique. Lui qui, quelques années plus tôt, co-signait un manifeste intitulé Ne votez plus, assume la contradiction apparente :
« Un maire, pour moi, ce n’est pas de la politique politicienne. C’est la proximité, l’action concrète. Dans une petite commune, on peut réellement changer les choses », explique-t-il.
Marié et père d’un adolescent, il dit vouloir placer son engagement au service de son « village de cœur », qu’il fréquente depuis sa jeunesse étudiante.
Un candidat critique face au bilan du maire sortant
Le psychologue ne cache pas son désaccord avec certaines orientations de l’équipe en place. Dans son collimateur : la réduction de voirie route du Cagnard au profit d’une piste piéton-vélo « ça m’a coûté mes rétroviseurs », ironise-t-il, mais surtout un projet de 40 logements sociaux vers Champ perdrix, décidé « sans concertation avec les habitants ».
Sans rejeter l’idée d’accueil des personnes en difficulté, Mori défend une approche « priorisant les ressortissants du Tholonet » et rejette tout « bétonnage excessif », au nom de la préservation de l’environnement et du cadre de vie.
Sécurité, traditions et circuits courts
Dans son programme, Serge Mori promet :
- Le renforcement de la police municipale et de la vidéosurveillance dans une commune « la plus cambriolée de France », selon lui ;
- La création d’une ferme municipale pour favoriser les circuits courts et l’installation d’agriculteurs ;
- Le soutien accru aux associations locales et l’instauration d’un marché de producteurs ;
- La réintroduction du provençal à l’école, au nom des traditions locales.
« On m’a déjà taxé d’extrême droite. Mais je n’ai jamais été encarté nulle part. Je ne fais que défendre le bon sens », assure-t-il.
Et d’ajouter : « Les extrêmes, quels qu’ils soient, sont dangereux. »
Analyse : un profil atypique entre contestation et proximité
L’entrée en campagne de Serge Mori apporte un souffle inattendu dans un scrutin qui, jusqu’ici, semblait acquis au maire sortant Vincent Languille. Le profil du psychologue, nouveau venu en politique mais ancré dans la commune depuis cinq ans, traduit une tendance nationale : celle de candidats citoyens, souvent professionnels de la société civile, misant sur la proximité et le rejet des étiquettes partisanes.
Cependant, plusieurs points méritent attention :
- Contradiction assumée : son parcours de co-auteur du manifeste Ne votez plus, peut séduire par sa sincérité, mais risque aussi d’alimenter le procès en opportunisme.
- Discours sécuritaire et identitaire : ses propositions sur la vidéosurveillance et la défense des traditions provençales l’ancrent malgré lui dans des thématiques habituellement associées à la droite, voire à l’extrême droite, ce qui peut lui valoir des attaques de l’équipe sortante.
- Absence d’étiquette : Mori joue sur l’idée d’une liste citoyenne « sans étiquette », mais cette posture a ses limites : dans un contexte de polarisation, l’absence de clarté idéologique peut brouiller son message.
- Enjeux locaux sensibles : logement social, bétonisation, sécurité… autant de thèmes concrets qui toucheront directement les électeurs du Tholonet et structureront le duel avec le maire sortant.
En somme, la candidature de Serge Mori pourrait transformer une élection a priori tranquille en véritable confrontation d’idées, entre continuité incarnée par Vincent Languille et volonté de rupture par un « néophyte » qui mise tout sur sa proximité et son discours de bon sens.
Éditorial
